Les énergies fossiles génèrent le chaos. Si beaucoup doutent encore de l’ampleur du péril climatique, les morts, les dévastations, les souffrances indicibles et les coûts monumentaux des guerres qui ont lieu grâce aux revenus que certains pays tirent de l’exportation de leur pétrole et de leur gaz et qui s’étalent aujourd’hui grand jour devraient être une formidable source de motivation pour organiser la sortie progressive et contrôlée de ces énergies. Ce numéro 68 de LaRevueDurable expose quatre voies par lesquelles « une bonne géologie » conduit souvent à une politique exécrable. La manne pétrolière et gazière pourrit les démocraties, personnalise à outrance la vie politique des pays producteurs, gonfle leurs budgets militaires, amène leurs gouvernements à surestimer la puissance de leur armée et leur permet de financer des opérations d’influence dans des pays tiers via la diplomatie sportive ou la désinformation sur internet. Et si les gros exportateurs de gaz et de pétrole échappent trop souvent aux sanctions internationales, c’est parce que les pays industrialisés ne s’organisent pas pour pouvoir se passer au plus vite et le plus possible de ces ressources. En Ukraine, au Yémen où en Arménie, la même dépendance envers les pétro-Etats engendre les mêmes effets dévastateurs. LaRevueDurable a revêtu les couleurs du ciel et du blé de l’Ukraine pour inviter ses lectrices et ses lecteurs à s’inspirer de la détermination et du courage des Ukrainiennes et des Ukrainiens pour lutter contre les majors pétrolières et gazières, les institutions financières, les errements politiques et les modes de vie qui ne permettent pas à une authentique transition énergétique d’avoir lieu.