Malgré tous leurs défauts et leur caractère foncièrement insoutenable, les systèmes alimentaires industriels fondés sur les semences-clones, les engrais, les pesticides chimiques, des agroécosystèmes démesurés et inhumains et, en bout de chaîne, une alimentation uniforme et appauvrie continuent de se propager dans le monde. La résistance s'organise pour contrer leur essor depuis le bas en renforçant la souveraineté alimentaire et une authentique agroécologie paysanne sur les territoires. Que ce soit les circuits courts via l'agriculture de proximité en Suisse ou le mouvement pour le maintien d'une agriculture paysanne en France, la sélection participative des semences, la souveraineté technique des paysans, l'apport des microfermes pour lancer des dynamiques de territoire, les politiques agroécologiques et alimentaires naissantes des villes ou les conseils alimentaires, toutes ces avancées trouvent leur place et se complètent dans le puzzle des solutions qui doivent couvrir toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement alimentaire et tous les niveaux de sa gouvernance. Sur le devant de ce mouvement de fond, l'essor des supermarchés participatifs est un vrai plus. Le supermarché paysan participatif de Meyrin, à côté de Genève, pousse un cran en avant cette dynamique positive en étant le point de cristallisation et d'attraction d'une très ambitieuse démarche participative liée à la sortie de terre d'un écoquartier et à l'appui bienveillant de la commune. Ce remarquable exemple révèle le potentiel transformateur de la transition agroécologique. Il est aussi permis de croire qu'il atteste qu'un changement d'échelle dans les initiatives de terrain est en passe de voir le jour.