Face aux millions de repas servis quotidiennement en France, la restauration collective est aujourd’hui mise au défi de répondre à des enjeux de natures différentes : nutritionnels, environnementaux, sanitaires, économiques, sociaux et éducatifs. Si les établissements sont tous concernés par ces enjeux de société, ils ne se distinguent pas moins par de grandes différences en matière de financement et d’intérêt politique, entre repas des enfants, des actifs et des personnes en institution (maison de retraite, Ehpad mais aussi prison, hôpital ou centre d’hébergement d’urgence...). À l’inverse, tous doivent répondre à la double contrainte d’une gestion collective qui essaie de s’adapter à des goûts et à des spécificités individuels (handicaps, régime alimentaire...). Présentant les résultats de plusieurs enquêtes empiriques, cet ouvrage met l’accent sur une dimension rarement étudiée des repas pris en collectivité, et pourtant fondamentale : leur fonction sociale. Il met en évidence l’expérience commune de ces repas partagés dans les constructions identitaires, quels que soient l’âge ou l’origine des convives, par exemple dans la formation de l’identité sexuée pour les enfants ou de l’identité nationale pour des salariés immigrés. Ces identités se forgent tant dans les interactions entre convives qu’entre convives et professionnels de la restauration collective, que le regard ethnographique permet ici de décrypter. En croisant le regard de sociologues et d'anthropologues sur une grande diversité de situations de repas collectifs (restaurant d'entreprise, cantine scolaire, institution pour personnes âgées…), ce livre entend apporter, à tous ceux qui s'intéressent à ces questions, une analyse fouillée et rigoureuse du rôle majeur de ces repas dans la construction des identités et du lien social.
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