De génération en génération, les paysanneries du « Sud » ont continuellement modifié leurs systèmes de production agricole de façon à pouvoir mettre durablement à profit les caractéristiques propres de leurs environnements respectifs. Il en a presque toujours résulté des techniques et des savoir-faire adaptés à la diversité des écosystèmes. Loin d’être sans fondement, des pratiques tels que l’association simultanée de plusieurs cultures dans un même champ, le nomadisme pastoral et le repiquage de plantules en rizières, apparaissent finalement bien rationnelles. Et l’erreur serait de croire que le développement de l’agriculture dans les divers Tiers Mondes devrait désormais suivre inévitablement la voie tracée jusqu’à alors par les exploitants des pays du « Nord » : celle d’une chimisation et d’une moto-mécanisation sans cesse accrues. Mais le drame est que, dans le contexte actuel de la mondialisation croissante des échanges, les paysans et paysannes du « Sud », dont l’outillage reste encore manuel, ne peuvent aujourd’hui résister à la concurrence des exploitants agricoles des pays du « Nord » , dont les systèmes de production sont hautement motorisés et tributaires de l’emploi d’engrais chimiques. Cela implique une compétitivité pas toujours possible à suivre, pour certain.e.s qui se retrouvent en situation précaire : difficulté à obtenir des revenus suffisants pour nourrir correctement leurs familles, pour équiper davantage leurs exploitations et développer de nouveaux systèmes de culture et d’élevage, tout en renouvelant durablement les potentialités productives de leurs environnements. Parfois l'exode rural est incontournable , provoquant de nombreux départs clandestins vers l’étranger, sans que des emplois ne puissent néanmoins être préalablement assurés.
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