La région Limousin a vingt-cinq ans ; le Limousin existe depuis vingt-cinq siècles. C'est une vieille province avec de vraies maisons de familles où sont enfouis bien des souvenirs. Mais ce Limousin des cousins et des secrets n'est pas immédiatement accessible aux nouveaux visiteurs. Ils perçoivent plus facilement les grandes transformations en cours : ici une papeterie fantasmagorique, là une technopole posée en soucoupe volante, là l'immense forêt des douglas qui nappe le paysage et, un peu partout, les équipements que requiert un tourisme bien normé. Ces itinéraires n'excluent pas les sites classiques, mais ils proposent des fils conducteurs pour des découvertes plus originales. Voici, sur les terres de Turenne, les travecs de la vie facile qu'on a connue au XVIIIe siècle dans cet État où les impôts devenaient symboliques tandis que prospéraient les cultures interdites dans le royaume de France. Voici, le long de la Dordogne assagie, les restes des chantiers et des ports d'où partaient ces fiers gabariers parmi lesquels la Royale recrutait ses meilleurs pilotes. Voici, dans la forêt, les caches des insoumis et celles de maquisards et les sanctuaires du grand maquis du Mont-Gargan. On peut suivre la procession de neuf lieues à Magnac-Laval ou, plus paisiblement, longer le canal creusé au XIIe siècle par les moines d'Aubazine ; s'exercer à fendre les ardoises de Travassac ou tailler du granite au Masgot au milieu des œuvres d'un sculpteur peu conformiste ; retrouver le regard d'Armand Guillaumin devant une gelée blanche ou celui de Claude Monnet devant une Creuse au crépuscule ; rechercher des mines d'or gauloises ou repérer les châsses et les reliquaires dispersés du fabuleux trésor de Grandmont ; s'émouvoir en reconnaissant sur les aubussons le merveilleux spectacle des châtaigniers en fleur... et les fruits passeront la promesse des fleurs, comme l'écrivait Malherbe à Henri IV, dernier vicomte de Limoges, partant présider les Grands Jours du Limousin.
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